Les premières heures qui suivent la fin d’un match ou d’une course constituent généralement un sas de décompression favorable au partage de quelques verres entre amis ou partenaires.
Et il n’est pas rare d’entendre de la part de certains sportifs que la bière est une bonne boisson de récupération.
Mais au-delà de son aspect récréatif et parfois même de son rôle de lubrifiant social, la bière et l’alcool en général contribuent-ils réellement à optimiser les performances et/ou les processus de récupération ?
Ou bien, au contraire, cette substance serait-elle capable de brouiller la pratique et d’aggraver, ou de faire perdurer certains troubles au point de contrarier un rapide retour à l’équilibre ?
En outre, la consommation régulière de boisson alcoolisée est-elle compatible avec la pratique sportive ?
L’alcool, une énergie pas vraiment vitale
L’oxydation par l’organisme de 1 gramme d’alcool fournit environ 7,1 kcal. Cette énergie n’est pas mise en réserve et son utilisation est immédiate.
Bien qu’il n’y ait pas de preuves scientifiques, la boisson alcoolisée a longtemps été considérée comme une substance capable de « booster » la performance. Toutefois, de nombreuses études sont venues contredire cette fausse vérité.
D’une part, la fréquence de contraction du muscle est réduite. Une fois alcoolisé, comment imaginer battre le record du monde du 200 m plat ?
En outre, la vasodilatation cutanée est accrue, générant ainsi une sudation donc des pertes minérales plus importantes, ainsi qu’une baisse de l’apport de sang aux muscles, préjudiciable à la performance. Et ce n’est pas tout ! L’alcool élève le taux d’acide lactique à l’effort et contrarie le foie dans sa fabrication de glucose à partir de substrats non glucidiques (acide lactique issu des muscles mobilisés, acides aminés, glycérol des triglycérides). L’altération de cette voie du métabolisme énergétique complexe connue sous le nom de néoglucogenèse accroît le risque d’hypoglycémie lors d’exercices prolongés.
Booster ou trouble-fête ?
Au-delà de son caractère décontractant et désinhibant, sa consommation avant ou au cours de l’activité génère de nombreux troubles.
Sitôt ingéré, l’alcool gagne la circulation sanguine et passe dans le foie pour être dégradé. La dégradation hépatique ne concerne environ que 5 à 25 % du total ingéré. Elle s’effectue à la vitesse moyenne de 100 mg/kg/heure, quelle que soit la quantité d’alcool ingurgitée. La fraction non dégradée diffuse peu dans les graisses. Elle se distribue essentiellement dans les organes fortement vascularisés, en particulier dans les muscles et dans le cerveau, où l’alcool est susceptible de provoquer les troubles que nous connaissons (rétrécissement du champ visuel, diminution des réflexes, perte de coordination, etc.).
Compte tenu d’une plus faible masse musculaire, d’une moindre efficacité des enzymes hépatiques de détoxination et d’une adiposité supérieure, les femmes souffrent souvent davantage que les hommes d’une victoire trop arrosée.
L’alcool en « récupération » ?
Ce n’est pas vraiment mieux. La dégradation hépatique de l’éthanol produit des composés dont la dégradation aboutit à la création de triglycérides et une fois encore, à la formation d’acide lactique.
L’idée qu’une bonne bière après un match ou une course favorise l’élimination des déchets reste aujourd’hui bien ancrée dans l’esprit des compétiteurs. Et pourtant, cette croyance ne repose pas sur les résultats d’études sérieuses susceptibles de confirmer cette hypothèse. En revanche, l’effet diurétique de l’alcool accroît les pertes urinaires vitaminiques et minérales (notamment celle du magnésium !).
Par ailleurs, l’alcool inhibe l’action de l’enzyme glycogène synthase responsable de la reconstitution des stocks énergétiques par la mise en réserve dans les muscles et dans le foie du glucose sous forme de glycogène. Ainsi, une séance trop intense programmée le lendemain d’une soirée bien arrosée risque fort de se solder par un gros coup de « moins bien » (hypoglycémie) et/ou une blessure musculaire.
Conclusion
L’alcool semble davantage être un perturbateur de l’équilibre du sportif qu’un booster de performance.
Fin de course ou 3e mi-temps doivent donc se fêter sans alcool !
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
Stéphane Delage – Diététicien, micronutritionniste et… traileur
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